Stabat Mater, 2ème...

2009.

Faire vivre à nouveau ce qui nous a tant mus et émus trois ans auparavant.

Certains visages sont partis, qui avaient partagé avec nous la première partie de l'aventure et vécu l'éclosion de ce projet.
D'autres sont apparus, qui ont si bien saisi ce qui vit au plus profond de ce Stabat Mater, et qui dépasse le seul champ du texte.

Texte partition, texte poème qui parle si justement de ce que les mots ne parviennent pourtant jamais à décrire.

A vous qui je l'espère viendrez nous voir jouer : prenez le temps de regarder, entendre et écouter les mots de Normand Chaurette, et laissez-vous porter...

Christian Bobin a un jour, écrit ceci :

Christian Bobin a un jour, écrit ceci, dans un livre sur le photographe Edouard Boubat:

D'autres heures suivront, jusqu'à celle où je ne pourrai plus écrire cette phrase et où vous ne saurez plus la lire. Oui, d'autres heures viendront, nécessairement. Ne nous en soucions pas. Pour l'instant, avec nos yeux éphémères, avec nos âmes passagères, saluons-nous, moi en écrivant, vous en me lisant. Boubat passe son temps ainsi, à saluer de jeunes lumières un peu partout sur la terre. Saluer cette vie qui, d'heure en heure, s'apprête à nous quitter, est marque de courtoisie. L'amitié de ce salut fait la terre douce au pas, légère au songe.


C'est dans cet esprit de courtoisie que j'ai souhaité travailler ce Stabat

JML

Sur le programme...

Voici le texte que je me propose de distribuer aux spectateurs à l'entrée du spectacle

Des mères éplorées.

Une chapelle ardente. Des jeunes filles se sont noyées dans les écluses. On ne connaîtra ni les causes ni les circonstances de ces événements tragiques.
Les mères parlent. Elles pleurent, se révoltent, se disputent parfois, tentent de comprendre, disent leur douleur, leur tendresse. S'abandonnent dans une dernière fusion des cœurs.
Elles parlent de paix, de vie, d'amour.
Elles sont poignantes et dérisoires, immenses et minuscules, terribles et parfois drôles.
Face à elle deux hommes. Le préposé et le concierge. Deux manières opposées d'accompagner. On fait ce qu'on peut
Regarder la mort en face, et associer à sa méditation les notions de paix éternelle, de repos et de sérénité, n'est-ce pas une tentative d'apprivoisement, une façon, pour reprendre les mots de Christian Bobin, de " ratisser le chemin par où la mort viendra "
Une leçon de vie faite de mots qui parlent de la mort

quelques vidéos...

Afin de montrer l'ambiance qui règne lors de nos répetitions théâtre, je vous laisse admirer ces vidéos, qui, heureusement pour nous, ne sont que le reflet d'un total bonheur et non de la qualité de notre travail !

On voit ces femmes défiler, reconnaître jour après jour les corps de leurs enfants.
Rien ne transparaît plus dans leur regard, et pourtant, la beauté de ces mères est incroyable...

Derrière ces femmes que vous voyez se cachent de jeunes comédiennes qui m'ont adopté en tant que Coccinelle, qui m'ont fait découvrir leur univers théâtrale et m'ont appris à observer, recommencer et réussir.

Voyez-vous aussi ce jeune homme qui voudrait devenir matelos, là-bas, à l'horizon ?
Celui-ci fascine par son approche parfois décalée et pittoresque, mais qui pourtant soutient et comprend la souffrance de ces femmes endolories.

Enfin, vous pourrez apercevoir avec un peu d'attention l'homme au chapeau, derrière un rideau ou une table de régie. Cet homme là est mon grand père, mais avant toute chose, le metteur en scène du Stabat Mater. Il a le talent de percevoir des choses, de nous les faire trouver.
Il sait aussi mener sa troupe entre les fous rires et la concentration : le joyeux bruit de fond se transforme ainsi en silence. Silence...
Les uns après les autres, nous jouons, nous interprétons, nous aimons.

A vous spectateurs, visiteurs de ce blog, journalistes ou producteurs, un dernier mot :

Laissez vous séduire par cette pièce de Normand Chaurette, venez nombreux aux représentations, et si toutefois vous pouviez nous permettre de jouer dans un autre lieu, la parole sera à vous :

"Oui, ce sont eux. Où voulez-vous que je signe ?"